Il faut éplucher les études scientifiques, la plupart étant d’ailleurs en anglais et payantes, pour comprendre la tromperie concernant les shampoings et gels douches sans savons, au PH neutre, censés être plus doux pour la peau et le cuir chevelu.
Face à la désinformation des marques critiquant sans cesse le savon- sans d’ailleurs distinguer le savon industriel du savon artisanal surgras saponifié à froid- , nous avons décidé de creuser le sujet.
Un grand merci @EmpreinteNaturelle et son enquête sur le Sodium Cocoyl Isethionate (SCI) qui nous a incités à creuser le sujet. Une blogueuse à suivre de près pour être informés en avant-première des ingrédients potentiellement toxiques pour la santé et l’environnement, qui échappent à la réglementation Européenne (la plupart viennent des Etats-Unis) et du greenwashing associé.
Dans cet article, nous expliquons l’historique d’une tromperie marketing et vous livrons de précieux indices pour vous aider à vous en prémunir, afin de protéger votre peau, vos cheveux, votre cuir chevelu, et l’environnement.
Histoire du shampoing au PH neutre
Les détergents synthétiques constituent la base des shampoings et gels douches sans savon pourtant censés être plus doux pour la peau et les cheveux. Ce sont des détergents synthétiques que vous retrouverez dans les produits ménagers.
Ils ont été introduits dans les formules afin de réduire les irritations causées par l’utilisation du savon industriel au PH trop élevé et, au passage, pour produire plus de volumes de cosmétiques sans dépendre de la disponibilité d’ingrédients naturels. Produire plus, plus vite à des tarifs plus bas. C’est le progrès !
Pourtant, quel que soit le PH d’un produit, la peau comme le cuir chevelu s’autorégulent après utilisation/application. Mais plus le PH est élevé, plus le temps d’autorégulation est long et, sur une peau fragile, cela génère des allergies, rougeurs, irritations. POURTANT…
Tensioactifs chimiques synthétiques VS Savons
POURTANT Selon une étude de 2013 du CIR (Cosmetic Ingredient Review) sur le SCI, le tensioactif d’origine pétrochimique vendu comme étant le plus doux du marché, le SCI (PH 7 à 8) est moins agressif que le Sodium Lauryl Sulfate (SLS) et un savon lors d’une seule utilisation.
En revanche, sur une utilisation répétée, le savon (même industriel) est plus doux pour la peau. Sur 8 tensioactifs testés, le SLS et le SCI sont les plus irritants. Pourtant le PH d’un savon industriel (10 minimum) est supérieur à celui du SCI (7-8).
Comment est-ce possible? Là aussi, c’est une autre étude dermatologique intitulée Cleansing Without Compromise datant de 2014 qui donne la réponse : seules les matières grasses, huiles et beurres dans un produit lavant réduisent son irritation.
Or, les produits lavants les plus riches en matière grasse végétale sont les savons artisanaux saponifiés à froid.
Extraits des 2 études sur les tensioactifs
Conclusion :
La douceur pour la peau et pour le cuir chevelu, d’une crème ou d’un shampoing, dépend de sa teneur en huiles ou beurres. Ce qui expliquerait sans doute l’arrivée sur le marché il y a 4/5 ans d’huiles de douche en alternative aux gels douches synthétiques. Huiles de douche, qui lorsque l’on regarde de près la liste INCI, contiennent surtout des huiles minérales.
Pourtant, le savon SAF liquide ou solide était déjà disponible, mais hélas moins rentable que les tensioactifs de synthèse. Ces derniers constituent une mine d’or pour l’industrie pétrochimique, pour le plus grand malheur de l’environnement et nous venons de le démontrer, pour notre peau, notre cuir chevelu et notre santé en général.
Durant toutes ces années, le savon et les produits à base de savons ont donc été constamment critiqués, notamment par les marques utilisant du SCI et autres tensioactifs de synthèse, toujours vendus comme étant naturels et plus doux pour la peau car sans savon. Ce n’est qu’en 2020 qu’INCI BEAUTY modifie la note de cet ingrédient utilisé depuis une dizaine d’années dans des cosmétiques solides en Europe. Les autres applications dites indépendantes de l’industrie considèrent toujours qu’il est sûr, sain et écologique. Nous espérons que l’étude du CIR les éclairera.
Vous savez désormais comment sauver votre peau, votre cuir chevelu et vos cheveux : recherchez des huiles naturelles et bien sûr certifiées biologiques, dans les premiers ingrédients d’un cosmétique ou d’un produit d’hygiène.
Dans le cas des huiles végétales, la certification/ garantie biologique est primordiale car même une huile végétale naturelle peut polluer les eaux et être toxique pour la vie aquatique si et seulement si elle contient des pesticides donc des métaux lourds. Les marques certifiées bio (dont les ingrédients et procédés de fabrication sont contrôlés) ont par ailleurs pour interdiction de rejeter les résidus d’huiles végétales dans les eaux. Pour préserver la biodiversité, les sols et les eaux, il est donc plus que jamais important de demander une garantie biologique ou au minimum d’absence de pesticides aux marques qui se contentent de déclarer que leurs produits sont naturels, sans aucune garantie sur l’absence de pesticides dans les ingrédients végétaux naturels utilisés.
Un indice : La plupart de ces marques qui surfent sur la zone grise de la réglementation cosmétique, se qualifient de marques de la “Clean Beauty” et non “marque Bio”. Légalement, une crème, un savon ou un shampoing, ne peuvent être qualifiés de bio, si les ingrédients utilisés ne sont pas bio, c’est-à-dire avec au minimum une garantie d’absence de pesticides et un procédé de production écologique.
SOURCES:
CIR https://www.cir-safety.org/sites/default/files/iseth092013final.pdf https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/14728695/